Portrait

22 avril 2022

 

Sœur COLETTE

Dans le civil Colette CRUSE (Colette Jacqueline Madeleine CRUSE) est décédée le 22 avril 2022 à l'âge de 106 ans
et née à Bordeaux (33) le 7 mars 1916.

 

C'était ma première kiné, celle qui m'a accueilli le 15 septembre 1952 au centre de rééducation fonctionnelle d'HERAURITZ (aujourd'hui Pyrénées atlantiques).

 

J'étais son "premier élève" comme elle disait souvent.de moi.

 

29 juin 2021

Mardi 29 juin 2021 15h ... une petite visite à ma première kiné (105 ans !).

Première kiné qui m'appelle toujours "son premier élève" et que je n'oublierai jamais. Elle m'a appris à marcher. Elle me disait "Jean-Michel tu dois être un homme debout ... et le rester !".

 

Pendant deux ans ce fut ce combat quasi quotidien et aujourd'hui, je lui dois d'être effectivement un homme toujours debout.

Nous avons parlé, difficilement maintenant vu son âge, des souvenirs du Centre de rééducation fonctionnelle d'Hérauritz (64) qui ce 15 septembre va avoir  69 ans...

 

Dieu que c'est loin tout cela (voir ci-dessous).

 

Mon (notre ?) plus cher désir ... utopique ? Se retrouver, l'an prochain, pour le 70e anniversaire ... à Hérauritz... qui sait ? 

 

Ils ne se s'étaient pas vu depuis 66 ans !

Mercredi 12 septembre 2018 : Ils ne se sont pas vu depuis 66 ans !

Elle, 102 ans aujourd’hui, résidente de la plateforme gérontologique de DARCY BRUN à Etaules (17),

Lui 73 ans, en retraite habitant la Seine et Marne et président de l’Association Mobilité réduite (association.mobilitereduite.org )

 

Et il y a 66 ans  :

Elle, kinésithérapeute du tout nouveau centre de rééducation fonctionnelle d’Hérauritz 64 (Basses Pyrénées à l’époque et Pyrénées Atlantiques aujourd’hui).

 

Lui atteint d’une séquelle de poliomyélite du membre inférieur droit et suivi par la doctoresse Madame Barrière Borchard, elle-même handicapée des membres inférieurs et marchant difficilement avec deux cannes en bois.

J’étais le 15 septembre 1952, vers 10 heures du matin,  le tout premier enfant à pénétrer en ce lieu. J’avais 6 ans et demi.  

 

D’autres enfants sont arrivés plus tard dans la journée et nous fûmes environ une dizaine à passer notre première nuit dans cet immense bâtiment. L’ascenseur n’était pas encore installé, seule la fosse était prête qui l’attendait. Les monitrices nous montaient à bras le corps pour rejoindre les dortoirs situés au 1er étage.

 

A Hérauritz,  j’y suis resté deux ans d’affilé. Je me souviens de Madame Loustallet, notre institutrice. C’est avec elle que j’ai appris à lire, écrire et compter. Je me souviens des cabanes que nous faisions à l’arrière du bâtiment près de la cuisine. Je me souviens d’une femme de service qui nous servait à table, je l’avais surnommée « souris » parce qu’elle avait une blouse grise. Je me souviens également des étés chauds où nous dormions les fenêtres ouvertes et, lors des fêtes (14 juillet ? 15 août ?), de la musique (notamment la chanson « rossignol de mes amours », …) qui venait de la place devant le fronton où, dans l’après midi une partie acharnée de pelote basque s’était déroulée. Je me souviens qu’un été de 1954 le tour de France était passé non loin sur la nationale entre Bayonne et Ustaritz (étape Bayonne-Pau). A cette occasion, on nous avait transportés en plusieurs voyages à bord de la camionnette grise Citroën  type H de l’établissement pour voir passer la caravane et les coureurs.

 

Je me souviens de Mademoiselle Colette Crouze notre Kiné (depuis Sœur Colette des Diaconesses de Reuilly qui a fêté ses 100 ans en mars 2016 à Etaules – Darcy Brun) qui nous avait fait rire en nous racontant son accident avec une vache qui avait percuté sa 4cv sur la petite route qui reliait la nationale et Hérauritz. Quid du constat ? J

 

Je me souviens du poumon d’acier - impressionnant – dédié à certains de mes camarades et aussi de la piscine en métal « inox » dans laquelle nous faisons des exercices musculaires.

 

Par la suite, je suis revenu plusieurs étés pour faire de la kiné mais, ces fois-là, j’ai dû passer par le « lazaret », villa de type basque située à quelques dizaines de mètres du château où nous étions en « quarantaine »  pour éviter « d’importer » des maladies infectieuses. Mon dernier séjour date de l’été 61 (dérogation du fait de mon âge). Je venais d’être opéré d’une double arthrodèse  de la cheville droite par le professeur Genest à Bagatelle (Bordeaux).

 

Aujourd’hui,  c’est avec une très grande émotion que je retrouve ma KINE de 1952 avec qui je partage tous nos souvenirs. 

 

Que de chemins parcourus de part et d’autre !

L’inspecteur de la mobilité réduite

A deux ans, Jean-Michel Royère contracte la polio. 62 ans plus tard, ce retraité aux cheveux et à la barbe blanche a beau avoir une canne pour l’aider à marcher, il s’active avec l’énergie d’un jeune entrepreneur.

Né à Bergerac (Dordogne), il a vécu dans le sud-ouest de la France jusqu’à ses 17 ans. Puis ce bavard au franc-parler est « monté à Paris pour faire carrière et fortune. » Ce ne sera pas le cas. Il poursuit : « J’ai bourlingué dans la région parisienne entre différents boulots. » Maintenant à la retraite depuis une dizaine d’années, il a « enfin l’occasion de s’impliquer pour les autres. Mon surnom : Rottweiler, précise-t-il. Quand je mords, généralement, je ne lâche pas... » Et lorsqu’il s’agit d’inspecter, Jean-Michel Royère n’en démord jamais : quand il s’occupe de sa copropriété, chez lui à Avon (Seine-et-Marne), mais surtout au sein de l’association Mobilité réduite, qu’il a créée l’année dernière, appuyé par ses deux enfants. L’objectif : favoriser l’accessibilité dans les lieux publics. 

Objectif qu’il s’est fixé en 2008 lors d’une sortie dominicale dans l’Eure, avec son amie. Il est alors ébahi par le nombre de places de stationnement pour handicapés. « C’était tout simplement formidable, raconte-t-il. Rien à voir avec chez moi, près de Fontainebleau... Alors je suis allé sur Internet et y ai découvert la loi handicap de 2005. Il faut qu’elle soit appliquée, et vite. » Depuis trois ans, la loi handicap impose des normes d’accessibilité dans les nouvelles constructions publiques. En 2015, l’ensemble de ces lieux ouverts à tous devra être en règle. Et si ce n’est pas le cas, le « Rottweiler » se dit déjà prêt à lancer des procédures judiciaires.

Un classement de l’accessibilité des communes 

« Je vois bien que des chantiers ne respectent pas la loi, donc je fais tout pour qu’on le sache », s’agace-t-il. Jean-Michel Royère n’attendra pas 2015 : Deux à trois fois par semaine, il prend le volant de sa voiture blanche, adaptée à sa jambe gauche inanimée, et prend la direction d’une commune, souvent francilienne. La poste, la mairie et le commissariat programmés dans son GPS, le sexagénaire note le degré d’accessibilité dans les lieux publics pour les personnes qui, comme lui, subissent un handicap. 

Ce « boy-scout », comme il aime s’appeler, tient une grille d’évaluation à la main, l’œil alerte. A l’accueil, un comptoir trop haut : 0 point. Dans l’ascenseur, une voix annonce l’ouverture et la fermeture des portes : 2 points. Sur sa canne, des traits lui permettent de calculer la largeur d’une porte ou la hauteur d’un ressaut de trottoir. Sur place, il cherche à sensibiliser. Au commissariat de Villejuif, par exemple, il interpelle chaleureusement un policier : « Monsieur, combien risque quelqu’un qui utilise une carte GIC-GIG (NDLR : la carte d’invalidité) sans autorisation ? » Avant que son vis-à-vis ne puisse réagir, il donne la réponse : « 1 500 € ! » 

« Devenir comme le concours des villes fleuries ou le guide Michelin pour les restaurants, mais en faveur de l’accessibilité pour tous. » C’est l’ambition de ce retraité jusqu’au-boutiste. L’association dressera un classement d’une petite centaine de communes, principalement de la région parisienne, le 11 février prochain. Et cela semble fonctionner. Cet inspecteur autodéclaré reçoit toutes les semaines des appels d’handicapés pour lui demander de noter leur commune.

« Il montait sur des échelles »

A l’issue des évaluations, il prévient la presse locale pour médiatiser le résultat du jour. Puis il monte une courte vidéo qu’il met en ligne : « la minute de la mobilité ». Des photos amateurs des principaux lieux publics accompagnent un commentaire grésillant… De chez lui, cet ancien informaticien s’enregistre seul, comme il gère seul le site Internet de Mobilité réduite.

« Mon association est apolitique. Je tiens à ce qu’elle reste indépendante pour être crédible », souligne-t-il. Jean-Michel Royère a fait inscrire dans les statuts qu’aucune subvention ne pourrait être versée. Du coup, il paie de sa poche les frais de déplacement. En revanche, cette indépendance embête des municipalités qui critiquent ses méthodes. Après un passage à Vincennes et un 3,12/10 avant l’été, la mairie a dénoncé « le manque de contrôle sur l'évaluation ». Jean-Michel Royère est resté de marbre, prônant son autonomie : « S’il y a des officiels qui me reçoivent, c’est le début de la fin… » 

La fin du combat semble loin pour ce « Rottweiler ». Il prévient qu’il ne lâchera pas le morceau, comme il ne l’a « jamais fait face à son handicap », rappelle-t-il. Les membres de sa famille lui reprochent toutefois de trop en faire. « Il bricolait à la maison et montait sur des échelles… Il n’a jamais montré ses faiblesses. Mais son corps commence à le rattraper », témoigne son fils, Dominique, un ouvrier de 27 ans. Jean-Michel Royère, jeune grand-père, reconnaît qu’il en fait trop : « Mon kiné disait de faire dix fois un exercice, je le faisais douze fois ! » 

Et quand nous lui demandons ce qu’il fera en 2015, date prévue de l’application de la loi handicap dans les lieux publics, cet homme qui aime bien le chant mais aussi le vélo, sait qu’il devra faire des concessions mais affirme vouloir continuer son action. « Faire face », c’est à la fois son héritage, son leitmotiv et son message.

QUENTIN DESCAMPS - Journaliste stagiaire

 

NB : (1) Suite ...

....

Il n'y a pas de problème, il n'y a que des solutions.